Leur combat, nos droits: La Commune de Paris

Le Supplément Enragé se penche sur l’événement historique de la Commune de Paris, à l’occasion de son 150e anniversaire.

Par Stanislas Montamat

Il y a maintenant 150 ans, le 18 janvier, les troupes envoyées par Adolphe Thiers, le chef du gouvernement français, partaient récupérer les canons achetés par souscription de la Garde Nationale. Entourés par la foule, les soldats levaient la crosse en l’air et fraternisaient avec les Parisiens. Thiers ordonna alors l’évacuation immédiate de la capitale. Le pouvoir se retrouvait entre les mains du comité central de la Garde Nationale qui décida d’organiser très rapidement des élections municipales. Suite à des troubles fomentés par les versaillais, les élections seront reportées au 26 Mars. Ainsi en 1871, ce qu’on appelle la Commune de Paris n’est autre que la révolte engagée contre le gouvernement en place. Une révolte qui durera 72 jours.  Le 29 mars, le Comité central, comme il l’avait promis, remet ses pouvoirs à la Commune élue. La Commune de Paris est née. Celle-ci, sans tarder, annoncera plusieurs décrets.

Aux origines de la commune de Paris : une insurrection politique

Parmi les multiples sujets traités et décrets adoptés, nous ne retiendrons que les plus “importants”. D’une part l’abolition de la conscription : les riches ne pourront plus acheter le droit d’échapper au service militaire. D’autre part, les remises faites aux locataires des termes d’Octobre 1870, Janvier et avril 1871. Ce décret sera constamment modifié par la Commune afin de mieux protéger les locataires et de reporter les paiements (sans intérêts) . Il y avait à Paris en 1870 environ 70 000 artisans travaillant dans des échoppes, la très grande majorité des ouvriers de Paris logeait dans des garnis en location .

Le 3 avril, la Commune décrète la séparation de l’Eglise et de l’Etat et supprime le budget des cultes. Bien qu’il soit fastidieux de citer tous les décrets publiés pendant deux mois par la Commune (voir le Journal officiel de l’époque et les fac-similés du Cri du Peuple), il faut préciser que les élus n’ont même pas eu le temps de rédiger tous les décrets qui devaient changer la vie des citoyens, mais nous pouvons avoir accès aux débats au sein des commissions. Parmi les décisions prises, celles-ci restent des plus importantes : la création de l’École publique et laïque ouverte à tous, garçons et filles, et d’une école professionnelle. Et, l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes, la réduction de la durée du travail de 12 à 10 heures par jour. Y est ajoutée l’interdiction du travail de nuit dans les boulangeries le versement d’une pension à tous les blessés, l’extension aux veuves et orphelins des Gardes Nationaux tués, la création des coopératives ouvrières, organisation des boucheries municipales ou encore la révocabilité des élus.

Ainsi la Commune est d’abord un mouvement patriotique pour lutter contre l’armée Prussienne et contre l’abdication. Mais, dès sa prise de pouvoir, elle va faire sien le drapeau rouge de l’internationale ouvrière et elle va prouver, dans les faits, son universalisme. Par ailleurs, elle valida l’élection de Léo Frankel, un juif hongrois et le nomma délégué à la commission du travail puis des finances. Elle confiera le commandement des forts situés au sud de Paris à Walery Wroblewski, un polonais qui mourra sur une barricade. Pour finir, elle reconnaîtra l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés organisée par Elisabeth Dmitriev. En somme, aussi succinct que cela puisse être, la Commune de Paris à réalisée en 72 jours de multiples actions permettant aujourd’hui à la France de prétendre être une démocratie.

De l’impossibilité de rendre le souffle épique de cette courte période de l’histoire de France.                        

Plongez-vous dans le roman historique de Jean Pierre Chabrolle Canon Fraternité”. Les habitants de l’impasse du guet à Belleville accueillent parmi eux Florent qui a fui son village occupé par les troupes Prussiennes. Il va y rencontrer Marthe dont il tombe amoureux. Les deux adolescents vont traverser ces événements, récoltant les petits sous en bronze que les ouvriers de Belleville vont fondre pour doter leur quartier d’un canon. Belleville sera le dernier quartier à résister aux troupes versaillaises. Si les personnages du roman ont été imaginés par l’auteur, la vérité historique n’en est pas moins respectée. En effet Chabrol a suivi scrupuleusement les faits figurant dans “Histoire de la Commune” de Lissagaray). Mais nous pouvons aussi suivre Jules Vallès dans sa trilogie : « l’Enfant » ; le « Bachelier » ; « l’Insurgé« , ou encore frémir devant le merveilleux documentaire diffusé sur Arte dont ”les Damnés de la commune” réalisé à partir de l’œuvre éponyme de Raphaël Meyssan. L’association “Les amies et amis de la Commune” avait prévu de multiples événements pour commémorer les 150 ans de la commune . La crise sanitaire vient profondément perturber ce programme, mais il est toujours possible de visiter le site de l’association pour y trouver les dernières informations concernant cet anniversaire .

Alors, si vous empruntez les escaliers de la butte Montmartre, souvenez vous qu’ici, le peuple de Paris s’est insurgé pour la naissance d’une République démocratique et sociale. Quand vous apercevrez le Sacré-Cœur, souvenez-vous que ce bâtiment a été construit sur la terre gorgée du sang des insurgés pour commémorer la victoire de l’obscurantisme sur les Lumières .

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