Guillaume Peltier ou le populisme de droite
La Tribune du Supplément Enragé consacrée à Guillaume Peltier, un des chefs de file du mouvement Les Républicains.
par Maxime Nubin
La course à la présidentielle semble créer la surchauffe au sein des partis politiques. Alors que plusieurs candidats sont déclarés ou attendus, comme Xavier Bertrand ou Yannick Jadot, d’autres personnalités cherchent à se distinguer en marquant l’agenda médiatique, au détriment de la survie de la République et de la démocratie. C’est bien le cas de Guillaume Peltier, député Les Républicains (LR), parfaite incarnation du porte-parolat conservateur, populiste et démagogique droitiste. Des positionnements qui contraignent même le parti – dont il est vice-président – à prendre ses distances.
Des racines réactionnaires
Guillaume Peltier est de ces personnalités politiques accrochées aux traditions, comme le révèlent ses engagements à l’extrême droite de l’échiquier politique. Passé par le Mouvement pour la France, parti de droite souverainiste, il s’est notamment engagé aux jeunesses du Front National. Il est aujourd’hui député, conseiller régional et vice-président délégué du parti Les Républicains. En 1996, il fonde avec Nicolas Bay, élu du Front national et porte-parole de Marine Le Pen pour sa campagne de 2012, l’association Jeunesse Action Chrétienté, un mouvement proche de l’organisation Ichtus qui se mobilise contre le PACS et l’euthanasie. Peltier a, à plusieurs reprises, exprimé son opposition au mariage pour tous, mesure qu’il y a peu encore, il réclamait d’abroger, avant de se raviser.
Le démagogisme en positionnements…
Contre le front républicain
Guillaume Peltier s’est, en ces mots, prononcé contre le « front républicain », c’est-à-dire la capacité qu’ont les partis politiques et candidats à s’allier ou à se retirer pour éviter la victoire de l’extrême droite. Un positionnement non sans conséquences à un an des élections présidentielles, où l’abstention, les tensions et les revendications ne font que donner du grain à moudre à l’extrême droite.
Ce positionnement est à la fois cohérent et subversif. Cohérent, parce que Guillaume Peltier est issu de l’extrême droite, et épouse encore ses causes et combats. Ça ne peut qu’être cohérent qu’il s’oppose au front républicain si ce dernier empêche ses idées d’arriver au pouvoir. Néanmoins, ce positionnement est subversif dans la mesure où Guillaume Peltier représente le parti politique Les Républicains, parti politique traditionnellement fidèle à la lutte contre l’extrême droite.
Supprimer les cotisations sociales
Guillaume Peltier s’est positionné il y a quelques semaines en faveur de la candidature de Xavier Bertrand, actuellement président de la région des Hauts-de-France. Ainsi, dans sa verve démago, Guillaume Peltier a tout simplement proposé la suppression de « toutes les cotisations sociales, pour les salariés comme pour les employeurs ». Une mesure motivée selon lui par le gain de pouvoir d’achat que cela représenterait pour les français. Une proposition qui caricature les positions traditionnelles de la droite française, favorable à la réduction des cotisations sociales. Les pertes occasionnées seraient compensées par des prélèvements sur les transactions financières et les paiements en ligne, à hauteur de 540 milliards d’euros. Une mesure qui démontre l’ignorance absolue des origines de la sécurité sociale, fondée notamment sur l’attachement au financement par le travail et le lien avec les travailleurs dans le cadre d’une démocratie sociale.
Soutien à Robert Ménard
Mais d’autres sorties sont survenues, comme son propos à l’égard de Robert Ménard, maire de Béziers, soutenu le Rassemblement national (anciennement Front national), co-fondateur de Reporter sans frontières, qui aujourd’hui semble pourtant les vénérer. En pleine querelles politiques autour des alliances possibles entre LREM, le parti présidentiel, et LR, Guillaume Peltier a exprimé son soutien au maire réélu aux dernières élections municipales, affirmant que c’est « un bon maire », jusqu’à dire qu’ils partagent les mêmes convictions.
Les milieux de cordée
En novembre 2019, Guillaume Peltier sort un livre « Milieu de cordée », en référence à la célèbre expression d’Emmanuel Macron « les premiers de cordée ». Un moyen de représenter le contrepied de la théorie du ruissellement en se faisant le porte-parole – une fois de plus – de la classe moyenne. Dans ce dernier, Guillaume Peltier se présente comme une personnalité politique à part, n’étant pas haut fonctionnaire et ayant grandi dans un logement social en banlieue parisienne. Une manière romancée de capitaliser sur un antisystèmisme bas de gamme, remis sur le devant de la scène depuis l’épisode historique des Gilets Jaunes.
…et au service de lui-même.
Plus grand monde chez Les Républicains ne semble comprendre comment Guillaume Peltier peut être encore vice-président du parti. Christian Jacob, son président, a déclaré « L’heure n’est pas aux prises de positions personnelles qui nuisent à tous mais à la mobilisation derrière nos candidats ». Une manière de rappeler qu’être membre d’un parti politique – qui plus est comme vice-président – implique une notion de collectif rigoureuse. Mais d’autres positions se veulent moins polies, comme celle de la députée Constance Le grip, qui regrette ce « concours Lépine de propositions et de postures personnelles ».
Des jeux de postures
Comme le révèle Le Monde, le député semble avoir des comportements indignes de sa fonction : « Tout le monde doit être à ses pieds et louer ce qu’il fait, même si c’est nul », témoigne une ex-assistante de l’élu. Dans la parfaite lignée du démagogisme à la mode, les attitudes de coulisses témoignent d’une incrédibilité totale de ces personnages englués dans leurs postures. « Après vous vous sentez pris dans un piège. Vous savez, parce qu’il vous le fait comprendre, qu’il vous grillera partout, si vous partez ».
Sources
- Photo de couverture: Guillaume Peltier au micro du Grand Jury de RTL