Les Enquêtes du Sup – Ratko Madlic condamné pour crime contre l’Humanité

Ratko Madlic, le boucher des Balkans, condamné pour crime contre l’Humanité

Une nouvelle enquête du Supplément Enragé de notre nouvelle journaliste Ombeline Ogier sur la condamnation de Ratko Madlic pour crime contre l’Humanité.

par Ombeline Ogier

Le procès en appel, le 8 juin dernier, a confirmé la condamnation de l’ancien chef militaire serbe de Bosnie, Ratko Mladic, à la perpétuité, pour génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité pendant la guerre de Bosnie (1992-1995). Cependant, la reconnaissance du génocide de Srebrenica divise les Etats d’ex-Yougoslavie.

1995 : un massacre historique

Pendant le conflit, la ville de Srebrenica dans l’Est de la Bosnie-Herzégovine était un lieu d’immigration des minorités musulmanes alentours. Environ 40 000 personnes vivaient dans cette enclave musulmane en plein territoire serbe. Elle bénéficiait d’une protection internationale par l’ONU en échange du désarmement de la population locale.

Le 6 juillet 1995, l’armée serbe menée par le général Ratko Mladić, lance un assaut sur l’enclave. Elle pénètre dans la ville le 11 juillet. Les femmes et les enfants sont alors déportés par les troupes loin de la ville et les hommes âgés de plus de seize ans sont fusillés. Selon le dernier recensement du mémorial de Potočari, 8372 hommes ont été tués à Srebrenica par les forces serbes de Bosnie. Le massacre est considéré comme l’une des pires atrocités en Europe depuis la Seconde Guerre Mondiale, et en trois ans, la guerre de Bosnie a fait plus de 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés

25 ans plus tard : le dernier procès

Arrêté en 2011 à Lazarevo après 16 ans de cavale, le procès commencé en 2012 s’est enfin achevé. Celui qui avait déclaré devant l’Assemblée des Serbes le 10 janvier 1994 « Ce qui me préoccupe est de les [musulmans de Bosnie] faire disparaître complètement » a été reconnu coupable de génocide lors du massacre de Srebrenica.

Ce verdict est jugé par le Ministre de l’Intérieur serbe, Aleksandar Vulin, comme une « vengeance », et la reconnaissance du génocide ne fait pas l’unanimité en Serbie et chez les Serbes de Bosnie.

Un travail de mémoire laborieux

Le génocide est un crime défini en droit international comme « des actes […] commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». L’intention génocidaire est remise en cause par ses détracteurs lors du massacre du Srebrenica puisque seuls étaient tués les hommes en âge de se battre. Mais la justice internationale a tranché. Pour la première fois, elle a reconnu le caractère génocidaire du massacre de Srebrenica avec le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie lors du jugement d’un général serbe, Radislav Krstic, le 2 août 2001.

Stèle en mémoire du massacre de Srebrenica en 1995

Arrive ensuite une reconnaissance de l’Union Européenne le 7 juillet 2005.  Cette reconnaissance et plus largement la mémoire de Srebrenica peine à rassembler en Europe du Sud-Est. Le déni, au service des nationalismes, a encore une grande place au sein de la Serbie et de la Republika Srpska (République Serbe de Bosnie). Cette dernière a rendu un rapport au travers de la Commission sur le siège de Sarajevo en avril 2021 qui remet en cause la responsabilité des Serbes de Bosnie dans les crimes de guerre.

Le devoir de mémoire en construction

Le travail de mémoire est d’autant plus difficile que la méfiance envers la justice internationale est encouragée au sein du gouvernement et que la presse populaire pro-gouvernementale en Serbie encense l’ancien général. Cependant, le procès en appel de l’ancien chef militaire Ratko Mladić semble avoir entraîné des retombées positives dans les sphères politiques de la région. Quelques jours après le verdict, le 17 juin 2021, le Monténégro a adopté une résolution sur l’interdiction du déni public du génocide de Srebrenica. Alors que cette résolution est vécue par le président Serbe Aleksandar Vučić comme un affront au peuple serbe, le parlement œuvre en faveur de sa reconnaissance. Deux propositions de résolution à la sémantique distincte ont été déposées au parlement serbe : la première souhaitant condamner le génocide de Srebrenica, la seconde souhaitant condamner les crimes commis à Srebrenica et leur déni.

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