Hommage à la mère de Catherine Deneuve, doyenne mondiale des comédiens et d’une dynastie du cinéma
La Tribune Hommage à la comédienne Renée Simonot, décédée le 11 juillet dernier, doyenne mondiale du cinéma et mère de Catherine Deneuve.
par Live A. Jéjé
Elle tenait depuis sept ans, et la mort d’Yvette Lebon (1910-2014) la dragée haute à ses compères. Renée Simonot, comédienne de théâtre, voix incontournable du doublage français, a trouvé son dernier sommeil le dimanche 11 juillet dernier. La mère des deux légendes du cinéma français, Françoise Dorléac, tragiquement morte dans un accident de voiture en 1967, alors promise à un avenir de superstar du cinéma français, et de Catherine Deneuve, récemment entrée dans la 7e décennie de sa carrière, deux fois lauréate du César de la meilleure actrice, en 1981 pour le chef d’œuvre de François Truffaut, Le Dernier Métro puis en 1993 grâce à Indochine de Régis Wargnier (film pour lequel elle obtiendra une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice la même année, toutefois battue par l’actrice anglaise Emma Thompson) aurait fêtée en septembre prochain ses 110 ans.
La discrète carrière de Renée Simonot
Après avoir débuté à l’âge de 7 ans à l’Odéon, théâtre dans lequel elle jouera de façon régulière pendant près de trente ans, sa carrière d’actrice s’était arrêtée à la naissance de sa benjamine, en 1946, et la longue convalescence qui s’était imposée à elle, à la suite d’une tuberculose contractée au début des années 1950, l’avait décidé à renoncer définitivement au cinéma.
C’est derrière la caméra, dans les studios de doublage, qu’elle continuera d’exercer son métier jusque dans les années 90, devenant la voix d’actrices de légendes telles Judy Garland ou encore la mythique Olivia de Havilland, morte à Paris il y a toute juste un an à l’âge de 104 ans, 70 ans pile, c’est assez incroyable pour être souligné, après avoir remporté son 2nd oscar de la meilleure actrice (en 1950, après une première victoire trois ans plus tôt). Sa dernière interprétation marquante dans ce domaine si important et pourtant si méconnu qu’est le doublage de films, advint en 1990, lorsqu’elle prêta sa voix à Wynona Ryder, âgée, lors de la sortie d’Edward aux mains d’argent de Tim Burton.
La reine mère d’une dynastie du cinéma
Maman pour la première fois à la fin des années 30, elle finit par quitter son compagnon, le comédien Aimé Clariond, et finit par se marier avec Maurice Dorléac, l’un des premiers doubleurs français, avec qui elle aura trois autres enfants : Françoise (1942-67), Catherine Deneuve en 1943 et Sylvie en 1946. Elle était la grand-mère des acteurs Christian Vadim, fils de Catherine Deneuve et du grand réalisateur Roger Vadim (qui fut également marié à Brigitte Bardot, Jane Fonda, Annette Stroyberg et finit sa vie avec Marie-Christine Barrault), et Chiara Mastroianni, fruit de l’union entre Catherine Deneuve et l’acteur italien le plus célèbre du XXe siècle, Marcello Mastroianni.

Alors que ses deux filles Françoise et Catherine, à peine vingtenaires et déjà à l’affiche de nombreux succès français et internationaux (Les Parisiennes d’Yves Allégret, Répulsion et Cul-de-sac de Roman Polanski, La Peau Douce de Truffaut, Belle de jour de Luis Bunuel), Jacques Demy, qui avait offert le rôle-titre des Parapluies de Cherbourg à Catherine Deneuve en 1964, les réunit en 1966 pour interpréter les fameuses « sœurs jumelles, nées sous le signe des gémeaux » dans Les Demoiselles de Rochefort, sorti en 1967. Malheureusement, cette année est marquée par la disparition soudaine de Françoise Dorléac, brûlée vive dans un terrible accident de voiture à 25 ans.
La comédienne de nombreux records
Contrainte par l’âge, malgré une bonne santé, de résider dans une maison de retraite les dernières années de sa vie, elle aura marqué l’histoire en devenant l’interprète mondiale la plus âgée depuis les débuts du 7e art, et celle qui sera restée la doyenne des comédiens le plus longtemps également.
En prenant sa retraite dans les années 90, elle reste l’une des actrices ayant exercé le plus longtemps son métier, durant plus de 70 ans, talonnant Danielle Darrieux (1917-2017) et ses 73 ans de carrière, et Paulette Dubost (1910-2011), qui détient le record, toutes nationalités confondues, avec 81 années d’exercice.
Quelques mois après la mort de Norman Lloyd aux USA (1914-21), elle laisse son titre de doyenne du cinéma à l’actrice belge Sabine André, née en 1913 (actuellement âgée de 108 ans), qui devance l’américaine Marsha Hunt, née en 1917.
L’on ne peut qu’espérer, aux vues de la longévité de sa carrière et de sa disparition à un âge aussi avancé que Catherine Deneuve, à qui nous présentons nos sincères condoléances, aura hérité de ses robustes gênes, et qu’à 78 ans, bien qu’étant déjà l’actrice française à la carrière et à l’aura mondiale la plus époustouflante, et de facto, que la muse de Bunuel, Truffaut, Téchiné, Corneau ou plus récemment François Ozon et Emmanuelle Bercot, nous livrera encore bien des prestations marquantes dans les années à venir.