Réchauffement climatique: l’humanité à l’aube de la catastrophe selon le GIEC
Une nouvelle enquête du Supplément Enragé, consacrée aux prévisions inquiétantes du GIEC face au défi du réchauffement climatique, grand enjeu de notre nouveau siècle.
par Alexandra Marchand
Le 23 juin 2021, un résumé du rapport du GIEC sur le réchauffement climatique fait effet d’alerte apocalyptique. Exode, disparition d’espèces animales et végétales, pénuries d’eau…La liste des conséquences est longue, et sonne l’alerte auprès des gouvernements responsables.
Un projet de rapport du GIEC qui sonne l’alerte
Le mercredi 23 juin 2021, dans un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’Organisation des Nations Unies (ONU), on peut lire une phrase qui fait froid dans le dos :
« La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas. ».
Destiné à être publié en février 2022, ce futur rapport de près de 4000 pages, dont le résumé technique est décroché en avant-première par l’AFP, tente d’alerter les gouvernements sur les conséquences dramatiques et inéluctables du dérèglement climatique. D’après l’AFP, les centaines de scientifiques rattachés au GIEC déclarent que les impacts dévastateurs du dérèglement climatique se feront sentir bien avant 2050. Famine, malnutrition, pénurie d’eau, exode, extinctions d’espèces…Les chercheurs se montrent bien plus alarmistes que lors de la dernière évaluation, remontant à 2014. Selon eux, même en limitant la hausse du réchauffement à 2°C, d’ici 2050 jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires pourraient être touchées par la malnutrition, 130 millions pourraient être touchés par la pauvreté extrême et 40 millions feront face aux pénuries d’eau en ville. Sans compter les millions de personnes mises en péril par les canicules extrêmes et la hausse du niveau de la mer. Les premières victimes sont les êtres vivant les moins responsables : les animaux et certaines variétés de plantes : « Même à +1,5 °C, les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapter ». Malgré le ton alarmiste adopté par les chercheurs, on y découvre un peu d’espoir :
« Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement. Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation. »
Si le rapport sera officiellement publié l’année prochaine, après l’approbation des 195 États membres, certains scientifiques estiment que sa publication devrait se faire plus tôt, avant la COP15 sur la biodiversité en octobre en Chine et la COP26 sur le climat en novembre au Royaume-Uni.

Des populations gravement affectées par le dérèglement climatique
Les conséquences dramatiques du réchauffement climatique se font cependant déjà ressentir partout dans le monde. Une vague de chaleur a touché fin-juin le Nord-ouest américain et l’ouest du Canada, dépassant les 45 degrés celsius, et ceux pendant plusieurs jours. Dans la zone touchée par ces vagues de chaleur, les stations météorologiques datant des années 1960 déclarent avoir enregistré des températures dépassant des records absolus. Le dimanche 11 juillet, une canicule dépassant les 40°C a sévi également sur une grande partie de l’Espagne tandis que le 15 juillet de graves inondations ont frappé l’Allemagne, causant au moins 160 morts et de nombreux disparus.
Toutefois, les premiers pays touchés par le dérèglement climatique sont des pays en plein développement et très vulnérables, avec l’Afrique en première ligne. Ainsi, ils réclament auprès des pays industrialisés responsables de ces bouleversements une « justice climatique », les invitants à participer au financement de leurs politiques d’adaptation. Dans le sud de Madagascar, la population malgache vit une grave crise alimentaire engendrée par la sécheresse. Venus à bout des récoltes, certains habitants sont contraints de se nourrir de lanières de cuir et d’insectes. Selon l’ONU, Madagascar est le premier pays au monde à souffrir de famine causée par le changement climatique, avec pour conséquences plus d’1 million de Malgaches ne mangeant pas à leurs faims.
La politique de la France face au changement climatique
En décembre 2015, se tenait à Paris la COP21, durant laquelle 195 pays signaient l’Accord de Paris, moment historique pour le climat. Les objectifs de la France ? Atteindre une neutralité de carbone d’ici 2050 et réduire de 40% ses émissions d’ici 2030. Malgré les efforts fournis, la France à du mal à convaincre, arrivant 18e au classement de l’Indice de Performance Climatique (IPC).
Le 1er juillet 2021, le Conseil d’État a réalisé un rendu dénonçant les inactions du gouvernement français afin de respecter l’Accord de Paris. D’ici au 31 mars 2022, en pleine campagne présidentielle, la France doit prendre : « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs », donc muscler sa politique climatique. Cette décision du Conseil d’État intervient alors que le Haut Conseil pour le Climat (HCC) a présenté le 30 juin son troisième bilan annuel, dans lequel ils dénoncent les efforts insuffisants du pays. Selon Damien Carême, eurodéputé Verts/AEL :
« Cet arrêt du Conseil d’État est historique : pour la première fois en France, l’État est enjoint d’agir par sa propre justice en raison de son inaction climatique. Je souhaite que cet arrêt sonne le glas du cynisme politique. Plus personne n’est dupe et je salue les actions en justice similaires menées dans d’autres pays de l’UE ».
Sources
- Photo de couverture: Istock / @piyaset
- « Madagascar frappée par la première famine due au réchauffement climatique selon l’ONU », [en ligne], France 24 (26 juin 2021)
- Pauline Fricot, AFP, « GIEC: prudence sur l’extrait du sixième rapport terrifiant sur le réchauffement climatique », [en ligne], Novethic (23 juin 2021)
- Hélène Demarly, « Cinq femmes qui ont marqué la COP21C« , [en ligne], Tendances Orange