Le Désintox – Anasse Kazib en flagrant délit de mensonge sur le procès du 13 novembre et la « défaite » US en Afghanistan
Le Désintox, chargé de dénoncer les multiples mensonges, manipulations, fake-news et approximations de ceux qui s’expriment dans l’espace médiatique, est de retour et s’attarde aujourd’hui sur le thread d’Anasse Kazib, militant d’extrême-gauche, candidat à la présidentielle 2022, qui a accumulé les accusations fallacieuses sur le procès attentats du 13 novembre, l’ingérence des puissances occidentales et le retrait des troupes US d’Afghanistan.
par Live A. Jéjé
Anasse Kazib, que le grand public a découvert durant son mandat de chroniqueur dans l’émission « Les Grandes Gueules » et qui ambitionne de se présenter à l’élection présidentielle de 2022, a abreuvé sur Twitter les internautes d’un thread, qu’il pensait pertinent, au sujet du procès des attentats du 13 novembre 2015, qui vient de s’ouvrir et de l’intervention de l’Afghanistan contenant de nombreuses inexactitudes, voire de purs et simples mensonges.
Une fake-news dénonçant une soi-disant instrumentalisation
Ainsi, le principal argument de la réflexion d’Anasse Kazib consistait à dénoncer, comme d’autres figures médiatiques l’ont fait, peu importe leur positionnement assumé ou présumé sur le spectre politique, à l’image de Pascal Praud sur CNEWS, la durée du procès, qui s’étendra sur neuf mois. Une critique qui aurait pu être tout à fait entendable dans la bouche du marxiste, si elle n’avait pas servi à alimenter le fond de cette prise de parole : accuser Emmanuel Macron d’instrumentaliser la mort de la centaine de victimes pour tenter de gagner des voix supplémentaires en avril prochain, lors des prochaines échéances électorales, car le verdict serait, selon Kazib, rendu en pleine campagne présidentielle.
Une affirmation que Kazib aurait dû vérifier – cela n’aurait pas été long de se renseigner quant à la date du rendu du jugement – avant de prendre la parole, car elle se retourne contre lui. Non seulement, le verdict est attendu pour le 25 mai, soit près d’un mois après le résultat du 2nd tour de l’élection présidentielle, mais cette accusation donc infondée, ne fait que se retourner contre lui : à partir du moment où, par incompétence (pour un individu aspirant à briguer la plus haute fonction politique française) en se trompant sur le point d’introduction d’une réflexion, ou malhonnêteté, selon le degré d’indulgence que chacun est loisible de lui attribuer, Anasse Kazib répand une fake-news en prétendant qu’un futur candidat à la présidentielle tente d’instrumentaliser un attentat, c’est lui qui instrumentalise et tente de surfer sur lesdits attentats à des fins politiques.
Une analyse fallacieuse sur « l’impérialisme »…
Mais ce qu’il y a de pire dans la sortie d’Anasse Kazib se constate dans la suite de son propos, qui vise à mettre sur le compte de l’Occident, et de son « impérialisme », qu’on ne saurait nier à bien des occurrences, la responsabilité des attentats perpétrés par l’intégrisme islamique, arguant que les attaques du 13 novembre ont des causes avant tout géopolitiques.
Un reproche appuyé par la « défaite » des américains en Afghanistan. Une nouvelle affirmation, scandée de toutes parts depuis le retour des Talibans au pouvoir à Kaboul, dont la véracité peut être remise en cause. Si la façon dont les Etats-Unis sont intervenus en Afghanistan en 2001, et celle dont ils ont quitté le même pays ces dernières semaines peuvent apparaître contreproductives, parler d’une défaite de la part des USA est plus que discutable : il conviendrait de rappeler qu’il n’avait suffi que de 2 mois pour la coalition internationale menée par les Etats-Unis en 2001 pour chasser le régime taliban, un régime qui n’a durant 20 ans jamais réussi à reprendre le moindre terrain réellement significatif sur le pays. L’échec du retrait des Etats-Unis est, pour une fois, plus dû à la fuite de l’ancien gouvernement afghan, pourtant suréquipé en infrastructures et armements militaires par son allié américain, avant même que de véritables combats – hors les habituelles luttes dans les régions les plus rurales du pays – n’aient commencé.
…qui tourne à l’argumentaire honteux
Ce raisonnement sur l’ingérence est d’autant plus fallacieux que contrairement à d’autres expéditions, aux motifs parfois mensongers, comme en Irak en 2003, l’intervention en Afghanistan était, du côté occidental, parfaitement justifiée devant la certitude des pays occidentaux que les attentats du 11 septembre 2001, étaient l’œuvre d’Al-Qaïda, alors soutenu par les Talibans afghans (bien qu’Al-Qaïda n’ait jamais revendiqué clairement cet événement à l’ignominie encore jamais égalé).
En expliquant que les attentats qu’ont subi la France en 2015 sont l’œuvre d’une politique étrangère interventionniste de la France, Anasse Kazib omet de rappeler que des millions d’individus, certains francophones (l’exemple de l’appel du Mali datant de 2013 à ce que la France intervienne pour les soutenir face à l’avancée inexorable – tant que les forces militaires françaises n’étaient pas encore arrivées – de Boko Haram vers Bamako, est significatif), d’autres qui ne l’étaient pas, non-désireux de voir la charia s’imposer là où ils vivent, ont appelé à l’aide et la solidarités des grandes puissances militaires occidentales, puisque disposant de l’arsenal militaire le plus pointu et efficace, expliquant aussi ; partiellement, d’autres intérêts, notamment énergétiques ne sont pas à remiser sous le tapis, sous peine de confiner à la naïveté la plus confondante ; la présence renforcée de ces forces armées, tant en ce qui attrait aux moyens mis en œuvre qu’à leurs durées, dont on peut parfois interroger la longueur.
Il ne peut ainsi être pertinent de prétendre que si des groupes djihadistes ont menacé puis attaqué la France sous prétexte que celle-ci n’a pas daigné céder à leurs caprices mortifères en refusant de se retirer de certains théâtres d’intervention.
Kazib tient un discours qui n’est pas sans rappeler celui de Rokhaya Diallo, qui avait fait couler beaucoup d’encre, jusqu’à sa déformation dans un objectif tout aussi irrecevable que le discours lui-même, de se livrer à une chasse aux sorcières à son endroit, au sujet des menaces qu’avaient adressé Oussama Ben Laden à la France en 2010, la journaliste assumant, tout en précisant ne pas le soutenir, que de son point de vue, ce que disait le leader historique d’Al-Qaïda au sujet de la « politique islamophobe » qui était menée, à en croire Ben Laden comme Diallo, par le gouvernement de François Fillon, alors en pleine défense de son projet de loi d’interdiction de la burqa, n’était « pas faux » et qu’en agissant ainsi, les dirigeants français donnaient à Ben Laden des raisons de « nous menacer ».
Un mépris de la droite républicaine
Pour étayer ses considérations, Anasse Kazib a insisté à plusieurs reprises au sein de son thread sur Twitter sur le fait que cette vision des choses n’était pas seulement limitée aux « gauchistes », citant à au moins deux reprises l’ancien Premier Ministre de sensibilité gaulliste Dominique de Villepin, devenu célèbre par son discours du 14 février 2003 tenu à la tribune de l’ONU pour dénoncer la volonté des Etats-Unis d’attaquer l’Irak de Saddam Hussein, suspecté de détenir des armes de destruction massives (Colin Powell, défendant alors à l’ONU la volonté des USA de s’engager dans une guerre dans ce pays, au nom de ces prétendues armes et de liens entre le pouvoir irakien et Al-Qaïda, avouera plus tard que tout ceci n’était qu’une vaste fumisterie de la part du gouvernement américain pour trouver un prétexte afin d’aller déloger leur ennemi Hussein), qui a, à plusieurs reprises au cours de ces dernières années, dénoncé les stratégies adoptées par l’Occident lors de ses interventions militaires, en le qualifiant chaque fois de « politique bourgeois ». Comme si l’extrême-gauche à laquelle appartient Kazib n’était pas composée, d’intellectuels ou de militants bourgeois, à l’abri de subir toutes les situations de précarité ou de difficultés variées qu’ils dénoncent à longueur de temps, non sans démagogie et volonté de bienpensance sans en risquer un seul jour de leurs vies d’en être les victimes…
Anasse Kazib a, pour cette fois tout du moins, amplement mérité le bonnet d’âne du cancre de la classe militante et politique, et devrait mieux réviser ses leçons avant de se lancer dans des analyses où les accusations mensongères sont légions, et la subtilité nécessaire à comprendre de manière correcte les rouages de la géopolitique, absente.
Sources
- Photo de couverture: @basz photographie