Communication de masse, opinion publique et décision collective: comment la communication se substitue à l’information.
Les Enquêtes du Supplément Enragé se penchent aujourd’hui sur les ressorts de la communication contemporaine, et son impact sur l’information.
par Maty Diop
Aujourd’hui, informer correctement devient de plus en plus difficile. De la publicité, en passant par le storytelling, tous les secteurs utilisent des stratégies de communication afin de préserver leurs images et intérêts. Des discours flatteurs sont ainsi construits, la communication permettant de construire, diffuser et défendre l’image d’une marque. Elle a subi une impressionnante évolution ces dernières années, non sans conséquences, également dans le champ de l’information.
Le storytelling, l’art de formater les esprits
À partir des années 80, grâce à la publicité, des nouveaux outils ont été mis en place par les communicants. Les exigences du marché ainsi que les attentes des citoyens ont changé. Les campagnes d’image ont eu un rôle fondamental, car elles permettent de transmettre un message de façon subtile.
Les années 90 furent une étape primordiale. On assiste au développement du storytelling, une véritable technique d’optimisation de la communication s’appuyant sur le récit, le témoignage. Les discours politique, culturel ou idéologique ont adopté cette méthode afin de marquer les esprits et faciliter le véhiculage de messages.
Le storytelling n’énonce pas les faits objectivement: grâce aux stratégies narratives, il privilégie les flux des émotions et de la réaction du public.
Contrôler le récit
Un message peut provoquer des réactions diverses, selon les choix narratifs de ceux qui les diffusent. Des choix identifiables. Lors de la pandémie de Covid-19, par exemple, les données sanitaires furent interprétées et expliquées différemment selon les positions politiques et idéologiques des intervenants. Ainsi, comme l’illustre le cas des « pro-vax » d’un côté et des « anti-vax » de l’autre, le discours s’adapte selon le public qu’on souhaite toucher. L’information est ainsi dénaturée, ce qui provoque une confusion entre communication et information.
Un autre cas typique se retrouve dans la communication corporate, celle des entreprises. Les informations mises en avant sont, comme toute campagne, à la faveur du développement de la société, toutefois, les messages sont plus soigneusement étudiés, et s’apparente plus clairement au marketing, ou plus précisément, à une stratégie de marque décomplexée.
La vitesse de l’information
Aujourd’hui, le public a pris conscience des dynamiques qui régissent les campagnes de com. À cet égard, on assiste à de plus en plus de scepticisme envers les canaux de diffusion d’information. Les médias ont perdu leur crédibilité, une tendance renforcée avec la multiplication des fake-news de par la rapidité d’internet et de la course à l’information. Plusieurs journalistes ont affirmé qu’ils n’arrivent pas toujours à vérifier tous les informations qu’ils amassent, ce qui va à l’encontre des règles de déontologie régissant leur profession. La presse traversant actuellement une période de crise, de nombreux articles sont moins profonds, notamment du fait d’une course au clic, chaque groupe cherchant à transmettre les informations en premier. Tous ces éléments expliquent, dans une certaine mesure, la négligence occasionnelle des articles qui paraissent.
La principale conséquence de ces dérives se fonde dans la réticence des citoyens à prendre au sérieux les informations qui leurs sont communiquées.
Le Supplément Enragé 